Témoignages

« Mon récit commence en avril 2018, un chapitre de plus dans ma lutte contre l’épuisement. Mon premier burn-out avait frappé durant mes études de master, un moment où le stress des examens de chimie m’avait submergée. Incapable d’étudier, épuisée et submergée par les larmes, j’ai échoué à mes premiers examens. Fort heureusement, j’ai rapidement rebondi et achevé mes études avec succès lors des sessions ultérieures. À cette époque, le burn-out était un sujet peu discuté.

Mon parcours académique a été ponctué par un second épisode durant ma thèse de doctorat, m’obligeant à réorienter ma carrière. J’ai ensuite navigué entre diverses entreprises médicales et pharmaceutiques, à la recherche de l’emploi de mes rêves. Malheureusement, je me retrouvais rapidement désillusionnée, confrontée à une charge de travail inégale et même au harcèlement, un fléau que je ne reconnaissais pas à l’époque.

Le harcèlement a été un calvaire, me laissant constamment douter de moi-même et me sentir isolée de mes collègues. Cette période difficile m’a poussée à quitter cette entreprise. Chaque nouveau travail apportait un souffle d’air frais, mais seulement temporairement, avant de replonger dans l’épuisement. Mon dernier burn-out a été le plus dévastateur, survenant dans un poste à hautes responsabilités où j’endossais le travail de trois personnes. Perfectionniste et dévouée, je n’arrivais pas à répondre à mes propres exigences de qualité, ce qui m’a menée à une frustration intense, à la culpabilité et aux remords.

Ma vie personnelle n’était pas moins compliquée. Des tensions familiales, un mariage difficile et la santé précaire de mon bébé s’ajoutaient au poids de mes responsabilités professionnelles. Mes journées s’étiraient sur 14 heures, entre les trajets, les tâches ménagères, l’aide aux devoirs de mes enfants et mon travail. Le soir, épuisée, je m’effondrais, incapable de trouver le sommeil avant de m’accorder un moment de répit. Ma consommation d’alcool augmentait alarmamment, signe précurseur de mon arrêt de travail.

Le burn-out a débouché sur un licenciement et une descente aux enfers, marquée par une séparation et la perte d’amis. Au bord du gouffre, j’ai envisagé le pire. Heureusement, l’intervention de proches et l’aide d’un centre de prévention du suicide m’ont sauvée. J’ai alors entamé un long combat vers la guérison, faisant appel à un psychiatre, un psychologue, un coach spécialisé, des retraites de développement personnel, du reiki, de la kinésiologie et des soins énergétiques. Un séjour hospitalier a été nécessaire pour traiter ma dépression.

Cette épreuve m’a coûté cher, tant financièrement que socialement. Inspirée par mon expérience, j’ai créé l’association SOS Burn-out, une initiative née de la nécessité de soutenir ceux qui souffrent en silence. Formée en coaching de vie, en burn-out et en psychopathologie, j’ai voulu offrir une aide complète aux victimes, allant des soins psychologiques à l’assistance administrative.

Début 2023, SOS Burn-out a pris une nouvelle dimension, reconnue comme opérateur en promotion de la santé et prévention du burn-out. Nous lançons des projets ambitieux : des séjours résidentiels pour les victimes d’épuisement, des groupes de parole, des conférences, et des ateliers en Wallonie. Nous visons également à unifier les initiatives existantes pour offrir un accompagnement plus accessible et efficace aux victimes du burn-out.

Mon parcours, jalonné d’épreuves et de résilience, est un témoignage de la lutte contre l’épuisement professionnel et personnel. Il illustre l’importance cruciale de l’écoute, du soutien et de l’accompagnement dans la prévention et le traitement du burn-out. » (Lisiane)


« Mon histoire avec le burn-out commence par une passion dévorante pour mon travail. En tant que gérante de plusieurs magasins de vêtements et conseillère en prévention et protection, je m’épanouissais dans mes multiples rôles. J’aimais interagir avec les équipes, les clients, et la direction, et j’étais animée par le désir constant de satisfaire tout le monde. Cependant, ma difficulté à refuser des responsabilités supplémentaires me pesait lourdement. Que ce soit pour remplacer un collègue malade, participer à toutes les réunions ou gérer un magasin de plus, je me retrouvais toujours à dire « oui ».

Des signaux d’alarme comme des douleurs récurrentes au dos et aux épaules, ainsi que des bronchites à répétition, auraient dû me mettre en garde. Les personnes autour de moi, étonnées par ma capacité à tout gérer, ne cessaient de me questionner. Mais j’ignorais ces avertissements jusqu’à ce jour fatidique de fin août 2012. Juste avant de partir en vacances en Égypte, j’ai été frappée par une incapacité totale à me lever, marcher ou faire quoi que ce soit. Ce fut le début de longs mois de vide et d’immobilité, un état de torpeur où je me sentais complètement inutile. J’avais honte et développé une phobie sociale, n’osant pas avouer mon burn-out.

La guérison fut un long processus. Il m’a fallu des années pour recommencer à sortir, à voir des gens, à dire « non », et à être véritablement moi-même. Même aujourd’hui, je porte les séquelles de cette période. Les magasins de vêtements et les centres commerciaux sont devenus insupportables pour moi, au grand désespoir de mes filles. Ma reconstruction s’est faite progressivement, en commençant par des cours du soir en langues et en aromathérapie, puis en pratiquant des sports en petits groupes. J’ai également suivi une psychothérapie et des séances de yoga thérapeutique, mais surtout, j’ai appris à m’écouter et à m’apprivoiser.

Cette épreuve m’a enseigné l’importance de l’amour-propre et de la bienveillance envers soi-même avant tout, et ensuite envers les autres. C’est un chemin long et complexe. Onze ans après, je suis en mesure de dire que ce burn-out, aussi éprouvant qu’il ait été, m’a offert une précieuse occasion de me retrouver, moi et ma famille. Cette épreuve a finalement été un cadeau déguisé, me permettant de redécouvrir qui je suis réellement et ce qui compte le plus dans ma vie. » (Laurence)